Pendant des années j'ai dessiné presque exclusivement des bonshommes et des bestioles tels qu'ils se présentaient sous ma plume ou mon pinceau, sans jamais réfléchir, sans la moindre préconception, sans la moindre idée de composition, et sans jamais donner de titres. Il suffisait que cela reflète bien ce qui m’agitait.
Je me suis mis à faire des nus, presque toujours d’après photo et des arbres presque toujours d’après nature, toujours selon le même principe, jamais d’esquisse ni d’études, tels qu’ils venaient, quitte à en jeter beaucoup.
A dix-huit ans j’ai commencé la gravure en taille d’épargne, sur bois de bout et sur linoléum. Je dessine directement sur le support, au pinceau chinois le plus souvent. Je grave ensuite le dessin le plus fidèlement que je peux en m'efforçant de ne pas le figer, de ne pas perdre son énergie en cours de route. Je pense que c'est une sorte de célébration du temps présent, fugitif par essence, le seul qui compte vraiment.
J'ai tout appris de mes condisciples (Michel Lasserre, Sylvain Salomovitz, Guider Triki, Wahab Mokrani , Olivier Besson , Valentina La Rocca, Yaarit Makovski, Natalie Douchkine ...) aux beaux-arts de Paris, dans l’atelier de Jacques Lagrange, puis du graveur taille-doucier Christian Guérin chez qui j'ai été en apprentissage, près de Dieppe.
Après une demi-douzaine d’années aux Etats-Unis, à la Nouvelle-Orléans et à Brooklyn, puis vingt ans passés à Paris, pendant lesquelles j’ai créé des matières murales et travaillé au contact d’enfants en situation de handicap, je me suis installé à Poitiers pour y ouvrir au public un atelier de gravure en taille d’épargne. Soyez-y les bienvenus !
Jérôme Bouchard
